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Mycènes
Evaluation : ** Remarque : Beau site archéologique mais le site du Trésor d'Atrée m'a déçu.
Habitation légendaire des Atrides, Mycènes était reconnue comme « polychryssos » (riche en or) et de nombreux objets précieux ont été découverts dans les tombes des deux cercles royaux. Au coeur d'un paysage aride au nord, mais s'adoucissant vers le sud, on découvre soudain l'acropole, un rocher gris avec à son sommet les traces du Cyclope. Il faut avoir touché ces gigantesques blocs de pierre, grossièrement taillés, pour comprendre le sentiment de sécurité qu'ils donnaient aux Mycéniens. Le fondateur mythique de la ville est Persée, fils de Zeus et Danaé. Le site archéologique est localisé sur colline haute de 278m, située entre deux collines abruptes, Zara et Profitis Ilias, et est habité dès l'âge du bronze (3000-2800 av. J.-C.) ou le néolithique (vers 4000 av. J.-C.). Archéologiquement parlant, l'arrivée des Achéens est située vers l'an 2000 av. J.-C. Dès cette époque, Mycènes devint la capitale d'un puissant royaume. Ses princes étaient apparentés avec les autres souverains de la Phtiotide et de la Laconie. Ce fut pour les archéologues le moyen de reconnaître sa primauté que d'attribuer son nom à la civilisation qui s'épanouit sur une bonne partie de la Grèce continentale au IIe millénaire av. notre ère. Mycènes devait être une cité déjà très prospère vers la fin du Bronze Moyen (1600 av. J.-C. environ). Des relations très étroites avaient été nouées avec la Crète dont l'influence se manifeste dans les trouvailles faites dans les tombeaux. La première muraille fut construite vers 1350 mais ce n'est qu'aux environs de l'an 1200 av. J.-C. que l'acropole prit sa forme actuelle. C'est ici que les chefs achéens accumulaient leurs trophées de guerres d'expansion, or et diadèmes, coupes et tapis de pourpre. Mycènes fut incontestablement le centre le plus puissant et le plus glorieux de la Grèce, jusqu'à sa destruction par un incendie en 1100 av. J.-C. A l'époque historique, Mycènes, comme sa voisine Tirynthe, ne fut plus qu'une bourgade. En 468 av. J.-C., l'acropole est prise de par les Argiens qui démantelèrent les remparts, restaurés au IIIe siècle av. J.-C. Dès le IIe siècle av. J.-C., la ville devient une ville fantôme. Comme l'écrit Pausanias, elle n'était déjà plus que ruines sous l'Empire romain. Des siècles plus tard, Eschyle et Sophocle feront revivre la ville par la magie de leur verbe.
La partie la plus ancienne des remparts (1390 av. J.-C.) se trouve uniquement au sommet de l'acropole. Vers 1250 av. J.-C. sont construits la porte des Lions et les tronçons ouest et sud des remparts. Excepté au nord, les anciens remparts sont détruits. En 1200, une extension au nord-est est réalisée et englobe la fontaine souterraine. L’entrée se fait à l'est par la porte aux Lions, le plus ancien exemple de sculpture monumentale en Europe. Après la porte de droite, on trouve un grenier construit assez tard et utilisé jusqu'à la destruction de l'acropole. Entre le grenier et le rempart, on peut voir la trace d'un escalier permettant de monter au sommet du rempart. Une seconde entrée construite sur le modèle de la Porte aux Lions existe du côté nord. L’accès pouvait également se faire par deux petits passages auxiliaires. Près de la porte des Lions se trouve une grande rampe, plan incliné étroit et raide, conduisant au palais mycénien d'Agamemnon construit au sommet de la butte sur différents niveaux. L’entrée se fait par un propylée au nord-ouest. Dans la grande cour on peut encore voir les traces de l'incendie ayant détruit l'acropole. Du côté est se trouve un mégaron constitué d'un portique, un vestibule et une salle. A l'intérieur de l'enceinte se trouvent également le cercle royal A comprenant 6 tombes royales (XVIe siècle) dans un enclos circulaire, des maisons de dignitaires (Maison du Vase aux guerriers, Maison de la Rampe, Maison du Sud, Maison de Tsountas), des temples, et d'autres bâtiments importants comme le Grenier à Céréales (corps de logis), un plus petit palais à l'est (Maison aux Colonnes, nom dû à la colonnade entourant la cour centrale), la Maison des Artistes et la citerne. Certains édifices ont encore été utilisés après l'incendie jusqu'à l'abandon définitif de l'acropole. La citerne souterraine communique avec les remparts construits en même temps (XIIIe siècle av. J.-C.) et récolte l'eau d'une source. A l'extérieur de l'enceinte, on a exhumé des maisons mycéniennes, le cercle royal B comprenant 14 tombes royales et 12 tombeaux particuliers (tombes à fosses des XVIIe et XVIe siècles av. J.-C., tombes à coupole et à chambre dont la plus ancienne date de +/- 1.500 av. J.-C.). Quelques vestiges préhistoriques furent également découverts. Au sud du cercle B se trouve un ensemble de maisons brûlées et abandonnées au XIIIe siècle av. J.-C., peu après leur construction. Plus tard furent construits au même endroit des tombes géométriques et édifices hellénistiques.
Porte des lions : Cette fameuse porte marque l'entrée du palais des Atrides. Dans le triangle de décharge au-dessus du linteau, colossal et monolithe (il pèse une vingtaine de tonnes !), un motif sculpté d'origine crétoise (et même antérieur car propre à l'Orient) représente deux fauves s'affrontant de part et d'autre d'un pilier sacré reposant sur un autel. Le cadre de la porte, un peu évasé en bas, est formé de quatre monolithes. Sur le seuil de la porte, un évidement carré permettait de fixer les vantaux. Au-delà de la porte des Lions, on traverse un passage qui devait être couvert et fermé par une seconde porte aujourd'hui disparue. A gauche une niche exiguë servait de loge au portier. A droite se trouvaient des corps de logis, un grenier à céréales et les tombes royales protégées par un enclos circulaire. Enceinte cyclopéenne : Le puissant rempart dans lequel a été percée la porte des Lions fut construit à partir de 1350-1330 av. J.-C. Son épaisseur varie de 3 à 8 m. On distingue trois types de maçonnerie dont le plus ancien est constitué d'énormes blocs de calcaire grossièrement équarris et calés par de petites pierres et de l'argile. La porte des Lions et la poterne nord furent élevées un peu plus tard à l'aide de gros blocs soigneusement appareillés en assises plus ou moins régulières. Quelques parties furent refaites au IIIe s. av. J.-C. en appareil polygonal très serré, notamment à l'angle aigu à gauche de la porte des Lions et au milieu du côté sud-ouest (près de la maison de Tsountas) où le mur atteint 17m de hauteur. Cercle royal de l'acropole : Les tombes royales situées près de la porte des lions sont protégées par un endos circulaire de 26,50m de diamètre. Cet enclos, formé de dalles placées à la verticale, est plus récent que les six tombes qu'il renferme. Il fut probablement construit lorsque l'ancien cimetière royal fut incorporé au périmètre fortifié au moment de l'érection de la porte des lions. Les six tombes royales, mises au jour en 1876 par Schliemann, contenaient dix-neuf squelettes et les trésors qui avaient été déposés en offrande aux morts. Ces tombes furent creusées (1600-1500 environ av. J.-C.) dans un vaste cimetière dont on a découvert des vestiges à l'extérieur de l'enceinte près de la porte des lions. Les rois de Mycènes et leur famille y furent inhumés pendant plus de 100 ans. Le quartier d'habitations : Le quartier d'habitations au-delà du cercle des tombes sera pour l'archéologue peu attentif le plus aimable des casse-tête en raison de la complexité de ses niveaux et de l'enchevêtrement des ruines. Il faut savoir qu'il y eut là un cimetière préhistorique puis des maisons mycéniennes (maisons de la Rampe, du Vase aux Guerriers, de Tsountas). Plusieurs fois rebâties ou restaurées, certaines comportaient un étage et elles furent occupées jusqu'à l'invasion dorienne (vers 1100 av. J.-C.). Dans la maison de la Citadelle, des fouilles ont révélé deux édifices dont l'un avec une pièce encore partiellement décorée d'une fresque. L'autre était un temple prolongé par la chambre aux idoles, étranges statues de terre cuite d'un type jusqu'alors inconnu sur le continent (présentées au musée de Nauplie). A la fin du IIIe s. av. J.-C., enfin, les Argiens ajoutèrent encore à la complexité de cet îlot en érigeant diverses constructions. Palais des Atrides : En face de la porte des Lions, une large rampe supportait la voie donnant accès à l'escalier principal menant au palais des Atrides. En haut de l'escalier, une rampe en pente douce permettait d'atteindre rentrée N.-O. du palais occupant une série de terrasses au sommet de l'acropole. De ce palais n'apparaît plus que le plan d'ensemble. On pénètre d'abord dans une grande cour pavée de galets où s'ouvrait sur la droite la porte N.-O. Au-delà s'étendait une cour rectangulaire où commençait vers la gauche le corridor d'accès à la cour centrale. Les principales pièces s'ordonnaient le long de celle-ci. Il y avait un escalier monumental dont subsiste encore une volée, la salle du trône et un portique sous lequel s'ouvrait le vestibule du mégaron. Le sol de la cour était revêtu d'un pavement en ciment qui fut ultérieurement recouvert d'une couche de stuc peint. Par endroits, on remarque les traces de l'incendie qui détruisit le palais et, au pied des murs, quelques vestiges de stuc peint. La salle du trône servait aux audiences officielles des rois de Mycènes et elle était précédée d'un vestibule communiquant avec le palier supérieur (aujourd'hui disparu) du grand escalier. Il semble que cette partie du palais, datant du XIVe s. av. J.-C., fut détruite par un incendie et du être reconstruite. Le portique du mégaron était pavé de dalles de gypse probablement importées de Crète. Deux bases circulaires qui supportaient des colonnes sans doute en bois sont encore visibles. A chaque extrémité du porche, dans l'alignement des bases de colonnes, on remarque le soubassement d'un pilier en maçonnerie. Entre la colonne et le pilier de droite se trouvait une base décorée qui devait supporter un grand trépied, un autel ou une table à offrandes. Juste à côté de cette base, sur la droite, les libations étaient versées dans un bassin peu profond excavé dans une dalle de gypse. Du porche, on pénétrait dans le vestibule par une porte dont le seuil est encore en place. Le sol était revêtu d'une couche de stuc peint avec, au pied des murs, une bordure de dalles de gypse. Au centre du mégaron se trouvait un foyer circulaire surélevé, encadré par quatre colonnes de bois aux bases de pierre. Les murs étaient également décorés de fresques dont quelques restes ont été recueillis. Du porche, une porte donnait également accès à un vestibule où furent trouvés des fragments de bois carbonisé provenant d'un escalier menant à une salle située à un niveau supérieur d'environ 1,5m. De ce vestibule, on pouvait également atteindre une grande chambre se trouvant au fond. A l'extrémité de celle-ci, il y avait sans doute un escalier conduisant à une terrasse et peut-être à l'étage du mégaron. Temple du Palais : Au sommet de l'acropole subsistent les fondations d'un temple dorique du VIe s. av. J.-C. construit sur l'emplacement du temple mycénien du palais. Plusieurs temples consacrés à Athéna se sont succédé en cet endroit depuis le Xe s. av. J.-C. jusqu'à l'époque romaine. Des fouilles ont montré que la terrasse fut agrandie au moins deux fois en direction du Nord, ce qui correspondrait à deux agrandissements successifs du temple. Citerne souterraine : Au XIIIe s. av. J.-C. un saillant au mur d’enceinte a été construit et dans lequel se trouve englobée l'entrée d'un passage souterrain, à gauche (assez pénible à descendre et plus encore à gravir; lampe indispensable). L'escalier souterrain, voûté en encorbellement, passe sous le front nord du rempart en suivant une fissure naturelle du rocher pour atteindre une citerne secrète alimentée par la source Persée à 12m de profondeur. Ce travail colossal, exécuté également au XIIIe s. av. J.-C., avait pour but d'assurer le ravitaillement en eau de la citadelle en cas de siège. Une étroite poterne était percée dans la muraille du réduit près de l'entrée de la citerne souterraine. A proximité de là, dans les ruines de magasins, sont entreposés plusieurs pithoi (protégés par un auvent) au col décoré de motifs linéaires.
Les tombeaux et la ville basse : A gauche et en contrebas, environ 100m avant l'entrée du site, on peut voir le tombeau dit "des Lions", construit entre 1460 et 1400 av. J.-C. mais le tombeau dit "de Clytemnestre" (à l'intérieur de la clôture, à droite après l’entrée) est plus intéressant. Il fut bâti vers l'an 1300 av. J.-C. pour abriter les dépouilles mortelles d'un ou plusieurs membres de la famille royale. Précédé d'un corridor, il s'ouvre par une porte surmontée de trois énormes linteaux. La chambre funéraire, haute de 12,95m sous la clé, a été parfaitement restaurée. Une tombe où une femme était inhumée se trouvait dans le corridor. Près de là on note les restes du second cercle royal (XVIIe s. av. J.-C.) en partie détruit lors de la construction du tombeau de Clytemnestre. Il renfermait huit tombes à fosse du même type que celles du cercle royal de l'acropole. On y exhuma un important mobilier funéraire. Le flanc de la colline où se trouve le tombeau de Clytemnestre a été entaillé de manière à former une ligne de gradins pour le théâtre hellénistique. On en distinguera quelques rangs en travers du corridor. A quelques mètres en direction de l'acropole, un autre tombeau à coupole dit "tombeau d'Egisthe" a été bâti entre 1510 et 1460 environ mais il est moins bien conservé que le précédent. En remontant vers le chemin qui donne accès à l'entrée de l'acropole, on rencontre la fontaine Perseia. Le monument se composait de deux bassins adossés à un mur datant du début de l'époque classique. En suivant la route en direction du village on remarquera à gauche, peu après le second cercle royal, les fondations de maisons mycéniennes. Notons la maison des Boucliers où l'on découvrit un grand nombre d'ornements en forme de boucliers bilobés, la maison du Marchand d'huile, vaste édifice construit au XIIIe s. av. J.-C. sur une terrasse cyclopéenne (un magasin renfermait trente vases à étrier dont beaucoup avaient conservé leur bouchon d'argile estampé) et la maison des Sphinx également du XIIIe s. Dans cette dernière furent mises au jour de très belles figurines d'ivoire dont une plaque représentant deux sphinx affrontés ainsi qu’une collection de soixante-deux colonnettes mycéniennes en ivoire, modèles réduits de la colonne-déesse de la porte des Lions. L'existence de ces trois maisons en dehors de la citadelle montre qu'au XIIIe s. av. J.-C. Mycènes ne redoutait aucune invasion. Leur destruction a pu survenir au cours d'une guerre civile, bien avant l'anéantissement de Mycènes par les Doriens.
Sur la colline voisine de Panagitsa, les archéologues ont mis au jour un autre quartier mycénien et l'édifice le plus impressionnant de l'architecture mycénienne: une tombe à coupole appelée Trésor d'Atrée ou Tombeau d'Agamemnon (1250 av. J.-C.). C’est le plus bel exemple d'architecture mycénienne et l'un des plus remarquables monuments de l'âge du bronze en Grèce continentale. Il fut construit sur l'emplacement d'un bâtiment plus ancien. Les parois sont constituées en blocs et quelques fragments de décoration subsistent sur la façade comme les traces de clous à l'intérieur. On accède au Trésor d'Atrée par un couloir (dromos) de 36m de long et 3 de large taillé dans le roc et une porte haute de 5,40m avec linteau en 2 blocs dont l'inférieur pèse 120T. Le seuil de la porte, en conglomérat rouge, est encore en place. D'après les descriptions homériques de la demeure mycénienne, on peut supposer qu'il était recouvert d'un châssis de bois ou de bronze. Un encadrement de bois, maintenu par des clous de bronze qui ont laissé des traces sur les jambages de la porte, entourait cette ouverture. On pénètre dans une salle circulaire (tholos) en forme de ruche, haute de 13,20m sur 14,50m de diamètre. La coupole est formée de 33 assises annulaires d'inégale hauteur, disposées en encorbellement et ravalées au ciseau de bronze suivant une courbe parabolique. Le sommet est bouché par une dalle ronde formant clé de voûte. La partie supérieure du dôme est revêtue extérieurement d'une couche d'argile jaune pour assurer l'étanchéité. Sur la droite, un passage surmonté d'un triangle de décharge conduit à une chambre annexe quadrangulaire, autrefois fermée par une porte, où se trouve une fosse excavée dans le roc (lampe de poche nécessaire).
Outre les tombes à tholos décrites ci-dessus, il existe encore cinq autres tombeaux situés dans les environs immédiats de l'acropole. A environ 250 m au-delà du trésor d'Atrée, la tombe dite "de la Panagia" fut construite entre 1460 et 1400 av. J.-C. Un peu plus à l'Ouest se trouve la tombe d'Epano Phoumos, très ruinée, bâtie entre 1510 et 1460. D'Epano Phoumos, un sentier conduit à Epano Pigadi (S-O) d'où un second sentier se dirigeant vers le Nord permet d'atteindre trois autres tombes à coupole. La première, la plus ancienne, est appelée tombe cyclopéenne. Sa façade est construite à l'aide de blocs de calcaire et de conglomérat dans un style cyclopéen, ainsi que la tholos. Le linteau, très court, n'est pas surmonté d'un triangle de décharge. Située sur la droite du sentier, la tombe des Génies, très bien conservée, fut bâtie vers 1400 av. J.-C. Un peu plus loin se trouve la tombe de Kato Phournos construite entre 1460 et 1400 av. J.-C.
Signalons encore à 1 km au Nord de l'acropole, au lieu-dit Aspra Chômata, les fondations d'un petit temple d'Enyalios rebâti au IIIe s. av. J.-C. par les Argiens mais dont l’origine remonte peut-être au début du XVIe s.
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