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THEATRE

 

Si l'on a un peu trop tendance à dire qu'on n'a rien inventé depuis les Grecs, c'est en tout cas certainement vrai pour le théâtre. Les tragédies reprenaient les récits de la mythologie et elles étaient jouées dans d'immenses théâtres en plein air, capables d'accueillir jusqu'à 14000 spectateurs. Parmi les grands auteurs, le premier, fondateur de la tragédie, est Eschyle, dont il ne reste que 7 pièces. Ses héros se débattent dans un monde violent, aux prises avec la justice divine, implacable. Sophocle, qui écrit quand Athènes est à son apogée, replace l'homme au centre et montre des personnages en lutte avec leur destin, ainsi que les conséquences de leurs choix. Ici la grandeur tragique trouve toute son expression. Euripide, dont 18 tragédies sont conservées, renouvela le genre et s'attacha à l'analyse psychologique des personnages, au rajeunissement des mythes grecs et à la contestation de la tradition, allant même jusqu'à l'irrespect envers les dieux !

Côté comédie, le grand Aristophane, inventeur de l'esprit gaulois avant la lettre, n'a pas vieilli non plus : dans sa comédie Lysistrata, les femmes votent une grève du sexe pour forcer les Athéniens à conclure la paix avec Sparte. Audacieux, non ?

 

Autant les Grecs admirent les nouvelles productions théâtrales à caractère social, autant ils aiment les anciennes pièces grecques, et tout particulièrement les tragédies de la Grèce antique. L'importance attribuée au théâtre dans l'antiquité est indéniable. Pour les Grecs anciens, les tragédies, les comédies et les satires étaient le centre de la vie culturelle. Le public participait aux représentations (methexis), captivé par les pièces d'Eschyle, Sophocle, Euripide, Aristophane et, plus tard, Ménandre, à travers lesquelles il pouvait expérimenter les différentes situations tragiques ou comiques vécues par les personnages de la pièce. Le théâtre n'a jamais cessé d'exister à travers les siècles et d'influencer le mode de vie et la façon de penser des Grecs. L'évolution des arts au Moyen Âge et à la Renaissance a façonné celle de la production théâtrale en Crète et sur les Îles de la mer Ionienne (Eptanissa). Vitsentzos Cornaros, Giorgos Hortatsis, Petros Katsaitis, Antonis Matessis, et Dimitris Gouzelis introduisirent de nouveaux modèles et de nouveaux genres théâtraux influencés, pour la plupart, par le théâtre italien, et qui, parfois, imitaient ou s'inspiraient des textes ou des mythes de la Grèce antique. La langue utilisée remonte aux origines et tout particulièrement aux dialectes crétois et ioniens qui, depuis, ont presque tous entièrement disparus.

Le théâtre grec a été florissant jusque vers 1880, période à laquelle les premières troupes de théâtre ont instauré leur présence sur scène. Ces troupes présentaient des pièces d'origine française telles que les vaudevilles ou les farces. A cette période, de nouveaux dramaturges ouvrirent la voie à une nouvelle ère, en introduisant d'autres formes et concepts théâtraux. Dimitris Vernardakis, Dimitris Koromilas, Angelos Vlachos, Spyridon Peressiadis, pour n'en nommer que certains, se sont forgé une immense popularité grâce à leurs pièces tragiques ou à leurs idylles (tragiques ou comiques). Ces œuvres sont de précieux témoins de la vie familiale traditionnelle de l'époque.

En 1894, un nouveau genre théâtral apparut sur les scènes athéniennes, apportant un spectacle plus coloré, à l'origine d'une nouvelle atmosphère théâtrale : le cabaret athénien (Athinaiki epitheorissis). Ce nouveau genre comprenait la musique, les paroles, les chansons, la danse et beaucoup de vivacité et d'allégresse. Les textes de ces revues athéniennes faisaient la satire des situations politiques, sociales, religieuses ou morales de l'époque. Ils étaient joués par les plus grands acteurs, spécialisés dans ce genre de rôles. Ces représentations s'inspiraient principalement des spectacles de cabaret de Paris et de Londres, et ils étaient adaptés avec succès auprès du public grec. Aujourd'hui, l'epitheorissis continue à prospérer, hiver comme été, et au fil des changements de conjoncture politique et sociale, à constituer, pour les auteurs, un matériau se prêtant parfaitement à la satire, à la critique, à la contestation, voire aux injures. D'ailleurs, le public accepte généralement bien la critique et rit spontanément.

Au XXème siècle commence une nouvelle ère pour le théâtre grec subissant les influences du nord-ouest de l'Europe (Norvège, Suède et Allemagne). Henrik Ibsen devient alors l'un des plus grands précurseurs de ce qu'on appelle le théâtre bourgeois (Astiko drama) et qui est représenté en Grèce par Grigoris Xenopoulos, Spyros Melas, Pandelis Horn ou Dimitris Bogris. Jusqu'en 1950, le drame poétique ou historique était généralement écrit par des dramaturges initiés, tels que Angelos Sikelianos, Nikos Kazantzakis, Vassilis Rotas, ou Angelos Terzakis. De 1950 à 1960, les farces et les comédies dominent la production théâtrale. Les descriptions réalistes de la vie quotidienne des personnages comiques, les quiproquos, la satire caustique des coutumes et des habitudes grecques, de même que les tendres histoires d'amour créent l'atmosphère qui a régné sur le théâtre grec et le cinéma durant plusieurs années, fascinant le public grec de génération en génération. Aujourd'hui encore, ce théâtre demeure populaire, toujours aussi poignant et contemporain. En 1957, Iacovos Cambanellis, considéré comme "le père du théâtre grec contemporain", présente sa pièce I avli ton thavmaton (la Cour des Miracles) au Theatro Technis de Karolos Koun. Une nouvelle génération de dramaturges talentueux émerge alors, modifiant l'atmosphère du théâtre grec et l'enrichissant de nouvelles idées.

Depuis 1981, de nombreuses villes grecques ont fondé des théâtres municipaux avec le soutien de metteurs en scène et d'acteurs célèbres. En province, l'intérêt croissant pour le théâtre est très prometteur pour l'avenir, en particulier, en ce qui concerne la participation de la jeune génération. Les pièces présentées varient du répertoire classique au plus contemporain, et elles sont toutes bien accueillies par le public, souvent enthousiasmé. Le retour à certaines formes du théâtre grec moderne, ou encore aux farces, illustre la curiosité et l'intérêt croissants du public pour le théâtre qui, de plus en plus, semble devancer le cinéma et les autres types de loisirs.

 

Depuis l'Antiquité, le rôle du théâtre n'a pas changé en Grèce et reste un moyen de divertissement et d'enseignement faisant participer le public. Le succès des poètes tragiques était toujours directement lié à la réaction positive ou négative des spectateurs. Aujourd'hui encore le drame antique captive toujours autant l'attention du public mais la participation du public a sensiblement changé. On observe un engouement croissant des jeunes pour le milieu théâtral. L'introduction dans le théâtre grec de courants majeurs tels que le réalisme, le naturalisme ou le symbolisme a contribué à rapprocher davantage le théâtre grec du théâtre européen ou américain. Le style d'écriture de ces derniers a beaucoup influencé les auteurs et les metteurs en scène grecs. Les nouveaux courants théâtraux sont, aujourd'hui, plus "artistiques", plus sophistiqués, et il n'est pas rare que certaines troupes présentent des œuvres particulières et expérimentales semblant répondre à un certain goût du public pour la provocation. Apparemment, les idées avant-gardistes de certaines pièces attirent un public jeune (18-25 ans) représentant aujourd'hui la majorité des amateurs de théâtre en Grèce. Ces derniers explorent toutes les facettes de ce qui est nouveau.

Il apparaît clairement que les Grecs voient le théâtre comme un spectacle qui allie la sincérité, la qualité, l'intérêt, la créativité, et qui force le respect.