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ARCHITECTURE

Les villages de montagnes, L'architecture néo-classique, Aujourd'hui, Quelques architectes

 

La Grèce est universellement connue comme le berceau de plusieurs traditions architecturales. Ses architectures les plus connues sont l’architecture classique (Ve-IVe siècle av. J.-C.) et l'architecture byzantine (VIe-XVIe siècle). L'architecture minoenne (environ 3000-1400 av. J.-C.), l'architecture cycladique (environ 1800-1400 av. J.-C.), l'architecture mycénienne (environ 1400-1200 av. J.-C.), l'architecture archaïque (VIIIe-VIe siècle av. J.-C.) et l'architecture hellénistique (IIIe siècle- 30 av. J.-C.) font partie des traditions architecturales qui sont apparues sur le sol grec. Parmi celles qui s'y sont développées, se trouvent l'architecture romaine (146 av. J.-C.-323 ap. J.-C.) et l'architecture paléochrétienne.

 

L'occupation ottomane (milieu du XVe siècle - 1821) occasionne à la fois une rupture et un certain recul de l'architecture grecque qui ne connut ni la Renaissance, ni l'évolution qui s'ensuivit. De plus l'architecture ottomane s'est peu répandue en Grèce malgré qu’une grande partie des architectes et artisans ottomans (dont Sinan (1490-1588)) étaient de souche grecque. Il y eu un bref passage à l’architecture vernaculaire pluraliste et vivante avant l’arrivée du néoclassicisme adopté comme vocabulaire architectural approprié pour le nouvel État grec indépendant des années 1820. Des architectes aussi renommés que K.F. Shinkel, Fr. Gaertner et L. von Klenze furent chargés de la conception de bâtiments publics à thème.

 

Le début du XXe siècle fut marqué par le rejet du classicisme et des styles historiques et une réévaluation de l'architecture vernaculaire par les intellectuels grecs "populistes". Elle joua un rôle crucial dans l'évolution de l'architecture au niveau mondial en influençant de grands architectes, tels que A. Loos et Le Corbusier. Dans les années 1920 et 1930, l’acceptation inconditionnelle du mouvement moderne vit émerger un groupe de jeunes architectes talentueux dont P.N. Djelepis (1894-1976), G. Kondoleon (1896-1952), N. Mitsakis (1899-1941), K. Panayotakos (1902-1982), I. Despotopoulos (1903-1992), P. Karandinos (1903-1976), B. Douras (1904-1981), S. Papadakis (1906-1993), K. Biris (1907-1990), R. Koutsouris (1901-1998), P. Michailidis (1907-1942), Th. Valentis (1908-1982), et I. Saporta (1911-1998). Ils travaillèrent successivement pour l'élite cultivée et pour l'État mais ne parvinrent pas à jeter les bases solides d'une pratique moderne de l'architecture.

À l'issue d'une longue période de crise et de conservatisme, la fin des années 1950 et les années 1960 se caractérisèrent par une période de croissance sans précédent. En matière d'architecture, en dépit de quelques difficultés, ce fut également une période de grands accomplissements. C'est à cette époque que se construisirent la plupart des bâtiments publics récents les plus connus, ainsi que quelques importants bâtiments privés. L'architecture grecque éveilla l'attention internationale et quelques architectes grecs, installés en Grèce et à l'étranger, - tels que K. Doxiadis (1913-1970), I. Xenakis (1921-2001 ), autrefois compositeur avant-gardiste, G. Kandylis (1913-1994) et A. Provelenghios (1913-1999) -, gagnèrent même une réputation mondiale. De même, à l'instar de S. Papadakis, I. Saporta et I. Despotopoulos, d'autres architectes se lancèrent dans des carrières internationales. Une autre version de la même réalité, moins critique mais plutôt ouvertement progressiste et optimiste, inspira la génération d'architectes qui émergea dans les années 1950. Or, on peut affirmer que l'œuvre de N. Valsamakis constitue l'un des meilleurs échantillons des orientations et des accomplissements de cette nouvelle génération.

Deux nouvelles générations virent le jour dans les années 1960. Rapidement établis à la suite de concours d'architecture, les architectes sortant de l'École d'Athènes, où ils avaient reçu une solide éducation, bénéficièrent de la toute puissance que le modernisme avait à cette époque (mais qu'il perdit par la suite). Leur langage préféré était le purisme de Le Corbusier. Il faudrait mentionner K. Papaioannou (1934- ), K. Fines (1933- ), I. Kanetakis (1937- ), D. Katzourakis, G. Tsaberis (1937- ), L. Kalyvitis (1938- ), G. Leonardos (1940- ), K. Gartsos (1933- ), K. Krokos, T. & D. Biris (1942- , 1944- ), E. Papayannopoulos (1939-1998 ), I. Vikelas (1931- ), Dimitri et Suzanna Antonakaki (1933-, 1935- ), parmi tant d'autres architectes. Suivant une approche radicale similaire, mais non marquée par les influences du régionalisme, les œuvres de N. Kalogeras (1935- ), P. Koulermos (1933-1999) et S. Amourgis (1938- ) apporta des réponses cruciales à des moments inattendus, bien avant de faire partie du discours commun des architectes.

En 1967, O. Doumanis, ingénieur des travaux publics, publia une des meilleures études architectoniques grecques intitulée « L'Architecture en Grèce ». Jusque dans les années 1960, l'architecture était avant tout perçue comme une technique, et non comme une pratique idéologique. Elle était trop abstraite pour être censurée et le régime militaire ne dura pas suffisamment longtemps pour établir une architecture officielle, quelle qu'elle fût. Cependant, la dictature laissa ses empreintes sur le long terme : l'architecture se développa dans le secteur privé au détriment du secteur public. La recherche formelle et typologique fut rejetée, de même que l'architecture "conçue" ou "acquise". On prit pour modèles les constructions vernaculaires ou même illégales. En dépit de ce chaos, les prototypes de G. Pantopoulos, D. Diamantopoulos, M. Borne, A. Tripodakis, I. Liakatas ou encore A. Pehlivanidou, A. Kouvela et d'autres architectes, apparurent comme des représentations claires et originales et confirmèrent la position indépendante de ces architectes, à l'encontre de l'architecture des années 1960. D'autres architectes, tels que K. Kyriakidis et K. Xanthopoulos ou M. Milissi, furent à l'origine d'approches tout à fait particulières, dont la visée consistait à répondre aux besoins spécifiques d'édifices comme les hôpitaux et les usines.

Les années 1980 s'ouvrirent sur une époque de crise pour le secteur du bâtiment et de grands bouleversements au sein de la profession. En trois ans, le nombre d'architectes, déjà très élevé, doubla, entraînant de profonds changements pour la profession toute entière. L'architecte n'était plus l'artiste créatif ou l'ingénieur travaillant au service des nantis, mais plutôt le parent au chômage vivant aux dépens de sa famille. Pour la première fois, le recours aux services d'un architecte devint à la portée de toutes les couches de la société grecque, si bien que l'on en vint même à se demander s'il s'agissait encore d'architecture. Cette époque équivaut à de grandes transformations au niveau international, avec notamment le rejet des dogmes modernistes, une autre approche critique, un regain d'attention vis-à-vis de la forme et de la mémoire et une nouvelle prise de conscience face à l'autorité et aux limites de l'architecture. Ces changements radicaux étaient un véritable défi pour un pays où le populisme conservateur et le régionalisme s'adaptaient difficilement à l'essor d'une élite d'architectes très présents sur la scène internationale. Un salon sans précédent eut lieu à la Galerie nationale d'Athènes, sur les "Tendances de l'architecture contemporaine", occasion à laquelle furent présentées au public grec des figures de proue de l'avant-garde de l'époque. Certains ouvrages publiés à cette époque soulevèrent de grandes polémiques au sujet de l'architecture publique (1984) et de l'idéologie (1987). En effet, l'enseignement de l'architecture, exclusivement dispensé, jusqu'en 1999, dans les écoles publiques d'Athènes (ouvertes en 1917) et de Thessalonique (en 1957), n'était pas en mesure d'apporter une réponse créative aux défis qui se présentaient. Toutefois, certains architectes surent se démarquer du principal courant architectural grec. Par exemple, A. Christofellis (1946-1991), professeur à Milan, fit preuve d'une approche intellectuelle très marquée, ancrée dans l'histoire et recherchant une représentation élaborée de la tectonique comme langage et mémoire. S. Rogan fit de l'approche conceptuelle le point de départ du processus de conception (au delà de la fonction ou de la construction), dans le cadre de projets à échelle urbaine, faisant souvent de l'architecture un thème à part entière. A. Samaras, qui encouragea véritablement les échanges en matière de théorie, insuffla l'élégance, un côté formel et de la rigueur à un ensemble d'immeubles de bureaux et de bâtiments résidentiels de luxe. Après une période de classicisme post-moderne, B. Ioannou, T. Sotiropoulos et A. van Gilder adoptèrent le minimalisme opulent et raffiné. N. Theodosiou, probablement le seul véritable post-moderniste, choisit une version tout à fait particulière de l'éclectisme, à laquelle il conféra une cohérence exceptionnelle. Les grands architectes grecs installés à l'étranger jetèrent également un pont entre les architectes de Grèce et ceux du monde entier et construirent quelques œuvres en Grèce. Ces œuvres, d'une grande poésie, s'inspirent de l'esprit du lieu, de l'histoire et de la mémoire, dans un langage pur et abstrait. Il convient de rendre hommage à D. Manicas de Vienne, S. Polyziodes de Los Angeles et à Y. Tsiomis de Paris pour leurs apports qui ont enrichi la tradition architecturale grecque de nouvelles perspectives. La contribution de A. Tzonis s'illustre par de nombreuses discussions sur la définition de la notion de régionalisme et de syntaxe architecturale classique et un essai critique fondamental sur l'architecture de D. &S. Antonakaki, notamment à partir duquel naquit la lignée Pikionis- Konstandinidis-(Fatouros)-Antonakakis dans le régionalisme grec, seulement remise en cause récemment. Les années 1980 correspondent à l'époque au cours de laquelle T. & D. Biris consolidèrent leur œuvre, suivis, au début des années 1990, par K. Krokos.

L'architecture grecque des années 1990 se caractérise par une crise au sein de la profession et de l'enseignement de l'architecture. À cette époque, c'est une absence totale de politique ou d'aide en la matière qui a prévalu. Malgré tout, un groupe de jeunes se fit remarquer par Vittorio Gregotti (critique connu du monde entier). Purs produits du libéralisme post-moderniste et des échanges internationaux, ces jeunes étaient libérés des contraintes propres aux dernières traditions locales (tradition vernaculaire et tradition régionaliste critique, puriste ou moderniste). Il est indéniable qu'ils appréciaient l'œuvre de Valsamakis et de Zenetos. Chargés d'effectuer exclusivement des œuvres de dimension réduite pour des particuliers, ils élaborèrent de nouvelles versions de la typologie résidentielle initiée par D. & S. Antonakaki, à travers des structures et des styles de vie familiaux évolutifs ou des intérieurs de bureaux et de magasins imitant les espaces publics fermés. D'un œil critique, ils mirent leur travail au service de l'architecture perçue comme une discipline, une continuité, une rupture d'expérience, un instant et un événement. Suite à différentes contributions à ce discours pluraliste, des architectes purent ainsi renouer le dialogue au sein du cercle des architectes, mais aussi au delà, par le biais de conférences, d'expositions, de publications et de films, et ils s'efforcèrent de faire comprendre l'architecture autrement, non plus comme une technique, mais comme une partie intégrante de la culture. Citons notamment, parmi l'important l'héritage qu'ils léguèrent en matière de théorie et de critique, Y. Simeoforidis, mondialement connu (à l'origine d'importantes expositions, mais aussi de la relance du journal de l'Association des Architectes), J. Peponis et P. Tounikiotis (éminent professeur à Athènes), E. Constantopoulos (co-éditeur de la revue londonienne 9H et créateur), G. Tzirtzilakis (également critique d'art, co-éditeur de Tefchos, de pair avec Y. Simeoforidis, Ch. Papoulias et T. Koubis), V. Petridou, A. Yakoumakatos (critique en architecture du quotidien d'Athènes To Vima), V. Colonas, K. Patestos et enfin, le jeune A. Antonas.

La génération émergente des années 2000 est clairement et consciemment étrangère à tous les précédents traditionnels et même humanistes. Fascinés par la culture urbaine et vivant dans une Grèce multiculturelle, les architectes de cette génération envisagent la ville comme le seul paysage possible dans leur activité de mise en perspective. Parmi les membres de cette génération, versés dans les tendances internationales, il est intéressant de mentionner Y. Aesopos (également co-éditeur, avec Y. Simeoforidis, de la revue Metapolis), A. Angelidakis, I. Bertaki, A. Dallas, P. Dragonas, Chr. Loukopoulou, Th. Moutsopoulos (également critique d'art, de culture et d'architecture, et écrivain), N. Nikodimos, C. Panegyris, M. Filippides (également critique d'art), les éditeurs de la revue A3, E. Kostika, M. Papadimitriou et S. Spiropoulos, M. Papadomarkakis du journal Architectoniki Antilipsi et, enfin, le regretté C. Spyrides. Plusieurs éléments témoignent du nouveau dynamisme de l'architecture grecque dont la participation régulière de la Grèce à des expositions internationales d'architecture à Venise et à Milan, l'organisation d'expositions monographiques sur l'architecture grecque à Francfort (DAM) ou à Roterdam (NAI), la fondation du Centre de l'architecture méditerranéenne (KAM), à Chania en Crète… La vitalité de l'architecture est ignorée, voire entravée par l'administration, qui ne voit pratiquement aucun autre intérêt en "la façon de réaliser le travail", que celui "qu'il soit accompli". On constate ainsi un grand manque d'attention portée à l'impact de l'architecture sur l'environnement, à la qualité du design, voire de la construction à proprement parler. Pratiquement tous les moyens de célébration d'une forme de qualité, tels que les concours architecturaux de quelque nature que ce soit, ou les sélections en fonction du mérite, ont été supprimés… L'un des éléments qui témoigne de la conjoncture actuelle réside dans le fait que même des projets prestigieux, tels que les salles de concerts de Thessalonique et d'Athènes, le nouvel aéroport international et le métro d'Athènes, n'ont pas fait l'objet de concours.

Cependant, il est vrai que la Grèce a fait son entrée dans le processus de modernisation et pour la première fois, un des objectifs principaux de la politique consiste à promouvoir la qualité. En dépit des résistances, il est inévitable que cet état d'esprit s'étende tôt ou tard au secteur du bâtiment, et surtout des bâtiments publics...

 

Les villages de montagnes

Les villages de montagnes ressemblent à des bourgs perchés sur les hauteurs dans un site défensif. La vie se concentre autour de la place, près de l'église, à l'ombre des platanes. Dans les îles, l'habitat est souvent plus ramassé, enchevêtrement de formes blanches groupées autour du port, comme prises entre mer et ciel.

 

L'architecture néo-classique

A son indépendance, la Grèce voulut effacer le témoignage de quatre siècles de domination ottomane et l’on entreprit de grands travaux de reconstruction. On détruisit les rues tortueuses centrées autour de la mosquée, le bazar et le hammam, pour adopter un urbanisme plus rigoureux (plan en damier), que l'on voulait rattacher à une tradition antique, celle de l'Hippodamos de Milet. Le style néo-classique est alors importé en Grèce par des architectes étrangers qui cultivaient le goût de l'Antique, entre autres au travers des découvertes archéologiques grecques mises au jour en Italie du Sud. Malheureusement, lors des spéculations immobilières des années 60, cette belle harmonie architecturale fut détruite. À Athènes, seuls aujourd'hui le quartier de Plaka, le Palais Royal sur Syndagma, l'université, rue Panépistimiou, le musée byzantin et quelques rares autres demeures témoignent encore de cette nouvelle mode. Toutefois, les autorités ont pris conscience de la nécessité de sauvegarder les derniers bâtiments et leur réhabilitation ont fait partie des projets d’aménagement urbain d’Athènes pour les JO de 2004. En dehors d'Athènes, il ne subsiste guère que le charmant village de Galaxidi, près de Delphes et celui d'Hermoupolis, dans l'île de Syros.

 

Aujourd'hui

Comme des champignons, les constructions poussent un peu partout en Grèce et restent en chantier parce que, après avoir construit le rez-de-chaussée, on attend d'avoir un peu d'argent pour construire l'étage...

 

Quelques architectes

Consulez la page sur les architectes Hansen

 

K. Pikionis (1887-1968) est considéré comme un des grands noms du début des années 50. Influencé par la pensée des intellectuels "populistes", il a établit une théorie d'unité universelle dans l'art suivant l'étude non historique des modèles grecs et orientaux. On lui doit, entre autre, la reconstruction d'une maison antique. Il s'adonna également à l'architecture moderne lors de la création de la remarquable École Pefkakia (1932). Plus tard, il créa un vocabulaire néo-vernaculaire personnel, qui prit toute sa cohérence dans les années 50. En 1954, la maison de Philothei témoigne une représentation originale et élaborée (et plus une reproduction de l'architecture vernaculaire).

En 1951, il fut chargé de concevoir le paysage autour de l'Acropole. Ne s’occupant pas de certains problèmes fonctionnels, il se concentra sur l'aspect visuel de l'architecture et lui conféra un caractère savamment intemporel. C'est grâce à ce travail, probablement le plus important de l'architecture grecque du XXe siècle, que Pikionis se forgea, plus tard, une réputation internationale, se démarquant comme l'un des pionniers du régionalisme architectural.

 

Même si Konstantinidis (1913-1993) ne travailla qu'en Grèce, il bénéficia d'une large réputation. Le réalisme fut un facteur essentiel de son architecture. Il se tourna également vers l'architecture vernaculaire pour y rechercher des principes. Il affina progressivement ses méthodes de conception et de construction, afin d'élaborer un système rationnel et cohérent pouvant être appliqué tel quel à tout type de bâtiment, qu'il s'agît de maisons d'ouvriers ou de bâtiments publics. Il travailla régulièrement sur ce système faisant intervenir une structure porteuse standard, en béton et sans aucun habillage porteur, ou des murs porteurs en pierre, soutenant un plancher, jusqu'à ce qu'il estime que le système se soit perfectionné. En 1978, il décida de se retirer, mais conserva toutefois une activité de critique vif et pénétrant, finalement autodestructeur. Parmi les œuvres maîtresses de Konstantinidis se trouvent de nombreux hôtels Xenia (1958-1964), des maisons d'ouvriers à Athènes, Thessalonique et Héraklion (1955-1957), des résidences privées à Athènes (1061), Philothei (1961), Vouliagmeni (1961), Sykia (1951), Anavyssos (1962) et Égine (1974-1975), ainsi que les musées de Ioaninna (1965) et de Komotini (1967).

 

N. Valsamakis (1924- ) bouleversa les clichés commerciaux de l'époque dans sa maison de la rue Semitelou (1051) où le traditionnel mur extérieur disparait derrière un plan quadrillé formant une loggia totalement débarrassée des éléments complexes redondants, superflus ou à caractère ostentatoire. Les matériaux, les couleurs et les textures, furent soigneusement sélectionnés pour mettre en valeur l'articulation de l'immeuble dans un cadre d'une grande sobriété, se substituant à l'uniformité établie du plâtre couleur ivoire. Après avoir testé et étendu ce langage chaleureux et sensuel dans une série de maisons prototypes, il se concentra sur la recherche d'une expérience spatiale, parfaitement réussie avec ses remarquables essais de "design total", dans les élégantes maisons d'Anavyssos (1961) et de Philothei (1963). Sous l'influence de la composition en plans de Mies van der Rohe, l'horizontalité est marquée, la structure réduite à son minimum et l'utilisation de portes coulissantes en verre, aux dimensions inhabituelles, permettent une parfaite continuité spatiale entre l'intérieur et les vérandas. Après les années 1960, son architecture continua d'évoluer sous un processus d'élimination de projections et de variétés de matériaux et textures donnant lieu à un vocabulaire minimaliste original, appliqué à des résidences (Philothei (1971), Kefalari (1972), Sounion (1974)…) ainsi qu'à l'hôtel Amalia, à Olympie (1977). La fin des années 70 et des années 80 furent marquées par la réalisation, à Athènes, du siège de la Banque de Crédit (1978-1990), probablement le bâtiment le plus important de l'après-guerre. Ce vocabulaire connut une certaine évolution, après une période d'exploration des possibilités offertes par le contextualisme. Fidèle à la lignée de la décennie passée tout en faisant intervenir une iconographie variée et adaptée ainsi que quelques accents post-modernistes, il s'essaya aussi à certaines versions du classicisme (Hôtel Amalia à Nauplie, 1980) et à l'architecture vernaculaire (résidence à Paliayanni, 1978). Son travail fut toujours couronné de succès. Cette discipline lui permit, par la suite, de revisiter plusieurs ouvrages, qui ont aujourd'hui acquis une tout autre dimension (Musée Privé - Marousi - Athènes, 1998, Complexe touristique de Kos, 1988). C'est ainsi que son rôle d'acteur principal en matière d'architecture fut réaffirmé jusque dans les années 1990 (résidences à Vouliagmeni, 1997 et Paros, 1998).

Dans cette génération d'éminents architectes, nous pouvons aussi mentionner les architectes suivants :

T. Zenetos (1926-1977), pour son raffinement technologique, ses stratégies de conception innovatrices, sa recherche typologique et sa capacité à prévoir un environnement parfaitement contrôlé.

I. Liapis (1922-1992) et E. Scroubelos (1921- ), pour l'introduction du vocabulaire puriste de Le Corbusier et pour la façon originale dont ce vocabulaire a été manié dans des bâtiments et lieux publics évocateurs, tels que le terminal de passagers du port du Pirée, la Fondation Zahariou et le monument Kalavryta.

K. Dekavallas (1925- ), pour l'organisation rationnelle et expressive de ses immeubles, résidences et hôtels, ses remarquables intérieurs de banques et sa direction de la construction tardive des hameaux de Santorin (1956).

V. Grigoriadis, parmi tant d'autres architectes, pour ses églises novatrices.

P. Mylona (1915- ) et D. Fatouros (1928- ) pour leur pratique architectonique multi facettes, mais aussi leur enseignement, leurs écrits et leurs recherches.

D. Zivas (1928- ) pour le projet d'urbanisation de la vielle ville d'Athènes.

A. Simeon, D. Kollaros et S. Kondaratos, pour leurs conceptions architecturales et urbaines et leurs riches contributions théoriques.

J. Koutsis (1933- ) et Th. Papayannis (1932- ).

 

I. Vikelas (1931- ) contribua au développement des gratte-ciels à Athènes et, plus tard, participa à l'élaboration d'espaces de bureaux commerciaux de luxe.

Dimitri et Suzanna Antonakaki (1933-, 1935- ) laissèrent une empreinte indélébile. Malgré les valeurs et moyens d'expression établis, ils se distinguèrent par un regard très critique. Pikionis et Konstantinidis peuvent être considérés comme leurs prédécesseurs même si tous deux fondaient leurs critiques sur les éléments traditionnels tandis que la vision critique de D. & S. Antonakaki semble provenir de sources aussi diverses que l'ordre modulaire de Mies van der Rohe, les formes irrégulières de Le Corbusier et le mode d'organisation structuraliste néerlandais, influences intégrées dans un langage d'une grande originalité. Très vite, ils passèrent de structures rationnelles et simples, caractéristiques de leurs premières œuvres (les maisons à Chaidari (1961) et à Glyfada (1962) ainsi que le musée de Chios (1965)), à des dispositifs plus complexes. Leur façon de délimiter des zones très structurées et fonctionnelles et l'utilisation de grilles irrégulières modulables dans les plans et les sections donnèrent lieu à une variété sans précédent d'intérieurs frappants par la force qui s'en dégage, comme en témoignent les habitations de Spata (1973), la maison originale de la rue Emmanuel Bénaki (1972) et l'hôtel Lyttos (1974-1976) en Crète. Ces grilles sont maintenues au moyen d'une "promenade architecturale" servant à relier les différents éléments. C'est sur ce canevas solide, pratiquement inchangé au cours des trois dernières décennies, que s'attachait l'iconographie. Au début elle était volontairement simple, pauvre en matières et textures, comme en témoignent les maisons de Phaleron (1966-1971) et Oxylithos (1973-1977), puis elle s'orna progressivement de contrastes, s'enrichit et se densifia, dotant chacun de ses projets architecturaux d'une certaine intimité (maisons sous l'Acropole (1978) et à Égine (1983)). À cette même période, la dialectique entre le public et le privé se perpétua au sein et au delà des bâtiments, améliorant la qualité de l'espace. Une autre preuve de la solidité de ce canevas réside dans le fait qu'il est aussi bien utilisé dans des bungalows privés modestes, que dans le campus universitaire (Rethymnon et Hania, Crète, 1982), notamment suivant le principe de la collectivité. Le travail des Antonakaki, dont l'influence fut considérable dans tout le pays, fut acclamé comme étant la représentation même du régionalisme critique.

 

A. Tombazis (1939- ) se fît également connaître dans les années 1960 avec son approche de l'architecture et de la pratique architectonique en totale opposition avec la plupart de ses contemporains. Le plus important dans sa vision de l'architecture n'était pas l'aspect fonctionnel ou esthétique de celle-ci, mais plutôt l'art de bâtir à proprement parler et l'aspect purement technique. Probablement influencé par l'époque où il était assistant de C. Doxiadis, il opta pour la pratique à grande échelle sur la scène internationale, qui permet d'établir de nombreux échanges. Fasciné par la technologie, il en fit le thème principal de son œuvre, au moins jusque dans les années 1970. D'après ses projets, dont la plupart firent l'objet de distinctions lors de concours internationaux (Tokyo, 1966, Centre Espoo, 1967, centre ville de Perugia, 1971), Doxiais voyait en l'architecture un système, et le bâtiment comme une possibilité d'évolution et de développement avec le temps. Cette approche se retrouve clairement dans ces œuvres même à petite ou moyenne échelle, telles que les résidences privées (1968, 1977), la nouvelle École de Smyrne (1969), les remarquables bureaux d'AGET (1972), la tour d'appartements de Difros (1971) et l'École de Droit d'Athènes (prototype). Le détail de ces œuvres, la précision de leur exécution et l'intégration de systèmes mécaniques étaient jusqu'alors inconnus pour l'architecture grecque. Après la crise pétrolière des années 1970, Tombazis commença à s'intéresser à l'utilisation de l'énergie solaire dans ses créations, ce qui fut à l'origine du projet (pionnier au niveau international) "Trapeza Helios" (1977). Il parvint rapidement à concevoir un hameau solaire autour de l'utilisation de l'énergie solaire à Lykovrysi, près d'Athènes (1979). Son approche évolua progressivement et la conception solaire fut bientôt remplacée par la conception bio-climatique, qui devint l'élément primordial de sa pratique architecturale. Cette conception fut à l'origine d'autres approches hautement contextuelles en Grèce, pour des projets tant nationaux qu'internationaux. Tombazis est actuellement reconnu comme l'une des personnalités majeures dans ce domaine.

 

T. & D. Biris possédaient au début des années 1980 une série d’œuvres remarquables à leur actif dont la Court de justice de Livadia (1970), les Dortoirs de Konitsa (1972), l'École Nea Smyrni (1967), le Complexe sportif Zea (1970), la petite mais considérable série de maisons à Ekali (1972, avec la collaboration de l'architecte M. Kafritsa), Polydrosso (1977, également en collaboration avec M. Kafritsa) et Politeia (avec A. Anninou pour architecte consultant), ainsi que les logements des banlieues d'Athènes et d'autres villes. On y retrouve les influences du purisme triomphant des années 1950 de Le Corbusier et celles du positivisme de J. Despotopoulos, absorbées en un langage caractérisé par la tectonique, la cohérence et la rigueur.

 

K. Krokos (1941-1998) a été l'un des premiers assistants de I. Liapis et il ne tarda pas à rejeter le modernisme en tant que style et projet culturel. Selon lui, ce mouvement était trop simpliste, voire vulgaire, et il lui reprochait de rejeter les valeurs du passé. À l'instar de Pikionis en son temps, il se tourna vers l'architecture vernaculaire, choisissant non pas celle de la campagne, mais plutôt le néoclassicisme vernaculaire urbain qui avait modelé les villes grecques de son enfance. Il l'enrichit d'une certaine chaleur et d'une sincérité liée à la classe moyenne et la bourgeoisie. Il étendit cette tradition à d'anciennes maisons grecques dotées d'atriums, dans lesquelles il s'attacha à expérimenter l'espace tel qu'il est modelé par le temps, la lumière et les matériaux, de façon à les reproduire dans une architecture de la mémoire allant jusqu'à englober et sublimer de quelconques immeubles récents, à moitié finis ou abandonnés, tout comme leur composition structurelle, faite d'une trame de poteaux en béton, espacés à intervalles réguliers et habillée de brique brute. Cette combinaison, dont la touche finale est toujours superbe, et qui s'accompagne de stucs polis et entièrement peints, de marbre épais, de verre de couleur et de bronze, s'applique aussi bien à des bâtiments publics que privés. Parmi les bâtiments publics, citons le musée de la Culture byzantine à Thessalonique, ou de "beaux" et "sublimes" éléments, issus respectivement de la tradition classique et byzantine, viennent s'intégrer à une composition éminemment personnelle. La construction de ce musée, dont la maquette avait pourtant été primée lors d'un concours d'architecture, en 1977, ne commença véritablement qu'à partir de 1989, pour s'achever en 1994, illustrant à nouveau le manque d'effort public existant dans le domaine de l'architecture.

 

Zieler : Nous devons à cet architecte allemand l'Iliou Melathron, l'hôtel Schliemann et le musée archéologique d'Athènes.