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Marmara

 

Marmaria signie « lieu où se trouve du marbre » (donné par les habitants au premier sanctuaire que découvraient les pèlerins lorsqu'ils arrivaient par l'Est) et est situé à côté du site de Delphes. Nous pouvons y voir des thermes en ruine. Entre les deux sites se trouve la source de Castalie. Dans le temps, un arrêt préliminaire à la fontaine était obligatoire avant d'accéder au sanctuaire (purification). Sur la terrasse de Marmaria se trouve un temple d'Athéna appelée Pronaia par les Anciens, c'est-à-dire « celle qui habite avant le temple », détruit au Ve siècle par des blocs de rochers tombés lors d'une violente tempête. Un nouveau temple a alors été construit plus à l'abri de telles chutes. Notons aussi quelques vestiges du trésor de Marseille, monument ionique (VIe), et le tholos, temple dorique de forme circulaire dont on ignore la destination exacte. Sur la seconde terrasse située plus à l'ouest, nous avons les vestiges du gymnase, quelques traces à peine visibles du bassin de natation. C’était le lieu d'entraînement des athlètes prenant part aux Jeux Pythiens.

Le grand nombre de statuettes votives (période mycénienne) trouvées sur le site laisse croire que se dressait là, dans des temps reculés, un temple dédié à une première divinité propriétaire du lieu, sans doute la déesse Gè. Les plus anciens édifices visibles aujourd'hui sur cette terrasse, longue d'environ 150m et ceinte d'un mur, remontent au VIIe ou au VIe s. av. notre ère. Ils s'organisent autour de deux temples consacrés à Athéna.

 

Le site archéologique.

Ancien temple d'Athena : Elevé en tuf à la fin du VIe s., il occupait l'emplacement d'un temple plus ancien (VIIe s.) dont on peut voir parmi les ruines éparses les chapiteaux doriques caractéristiques en forme de galette. Dans la cella était conservé, nous dit Hérodote, un bouclier en or, don de Crésus, le richissime roi de Lydie. Du côté nord subsistent en place trois colonnes du péristyle.

 

Autels : Au Sud du temple s'étendait la zone des autels : tout d'abord un grand autel autour duquel ont été retrouvés de nombreux débris d'os calcinés. Ensuite viennent d'autres plus modestes tels ceux consacrés à Athéna Erganè (patronne des artisans), Athéna Zostéria (prête au combat), Zeus Polieus (protecteur de la cité) ou encore Hygie (déesse de la santé), et Ilithyie (patronne des accouchées). Derrière les autels se trouvent les soubassements de deux petites constructions rectangulaires appartenant sans doute au sanctuaire consacré à Phylakos, un héros local ayant pourchassé les Perses dispersés par une avalanche déclenchée par Apollon afin de protéger son sanctuaire.

 

Trésors : Peu après le temple d'Athéna subsistent les restes de deux trésors, l’un de style dorique (attribution inconnue) érigé entre 490 et 460, l'autre de style éolique (variante du style ionique, avec chapiteaux à palmes) consacré entre 540 et 500 par les Massaliètes, les Marseillais.

Au Sud des deux trésors subsistent deux bases rectangulaires dont la plus grande, en calcaire, portait le trophée de bronze qu'érigèrent les Delphiens (l'un des rares ex-voto offerts par les habitants de Delphes) pour commémorer la déroute des Perses devant l'intervention divine d'Apollon. L'autre, plus petite, servait de piédestal à une statue d'Hadrien dédiée en 125 de notre ère selon l'inscription gravée sur la face antérieure de la base.

 

Tholos : Cette rotonde de marbre est une oeuvre attique construite entre 380 et 370 av. notre ère. Elle fut partiellement relevée en 1938. Elle était entourée d'un péristyle dorique de 20 colonnes qui encerclait une cella circulaire en marbre s'ouvrant au Sud. A l'intérieur pavé de calcaire, courait contre le mur une banquette de marbre bleu supportant 10 colonnes en marbre d'ordre corinthien appuyées contre le mur. La toiture, en marbre également, portait une somptueuse décoration d'acanthes et de gargouilles en forme de lion. Quelques-unes sont visibles au musée, ainsi que des fragments des quelque 80 métopes courant autour de l'édifice, à la base du toit. L'architecte Théodoros Phocaeus (de Phocée ou de Phocide?) fut à juste titre si fier de son chef-d'oeuvre, innovation architecturale, qu'il en écrivit un traité comme nous apprend Vitruve. Mais à quoi était destiné ce superbe édifice? Un temple dédié à Artémis (dont on sait qu'elle était honorée près de ce site en compagnie d'Athéna)? Une hoplothèque, c'est-à-dire un sanctuaire où étaient exposées des armes rituelles offertes à Athéna ? Pour l'heure, les archéologues se perdent en conjectures.

 

Nouveau temple d'Athéna : Malgré son état de ruine avancé, cette construction en beau calcaire a livré tous ses secrets architecturaux aux archéologues. La cella était prolongée d'un pronaos lui-même précédé d'une façade à six colonnes. C'est une configuration rare dans l'ordre dorique auquel l'édifice appartient. Autre singularité: le passage du pronaos à la cella s'effectuait par une ouverture à trois baies délimitées par deux demi-colonnes ioniques adossées à un pilastre. Si ces particularités ont ravi les spécialistes, elles ne leur ont pas permis en revanche de déterminer de façon certaine l'attribution exacte de l'édifice élevé vers 360 av. notre ère. L'hypothèse du nouveau temple d'Athéna reste toutefois la plus vraisemblable.

La terrasse sur laquelle s'étend le sanctuaire d'Athéna était protégée des glissements de terrain du côté nord par un grand mur de soutènement en bel appareil régulier encore conservé sur plusieurs mètres de hauteur. En montant sur le terre-plein se trouvant au-dessus du mur, on découvrira de belles vues plongeantes sur le sanctuaire. Le côté opposé (Sud) était délimité par un mur du péribole en appareil polygonal dont plusieurs tronçons sont encore conservés (l'accès vers l'extérieur du péribole peut se faire commodément par un petit escalier, face au trésor de Marseille).

 

Gymnase : L'établissement fut construit sur le rebord de la gorge du Pleistos vers 330 av. notre ère sur des installations préexistantes. C'est là que s'entraînaient les athlètes avant les épreuves publiques du stade. Le gymnase était aussi le lieu où se formait, tant au plan physique qu'intellectuel, la jeunesse de la ville. Sur la terrasse supérieure se trouvait une longue galerie couverte, le xyste, large de 7m et adossée au mur de soutènement ainsi qu’une piste qui lui était parallèle. Cette piste découverte était destinée à l'entraînement à la course, tout comme le xyste protégeant les athlètes des intempéries ou du soleil. La terrasse inférieure supportait la palestre affectée aux lutteurs, qui comprenait également des salles de repos ainsi que le loutron, un établissement de bains disposé autour d'une piscine circulaire.

 

Fontaine Castalie : Elle est située au débouché d'une gorge séparant les Phaedriades. Chantée par les Grecs pour la pureté de ses eaux et la douceur de son chant, considérée par les poètes latins comme le refuge d'Apollon et des Muses, la fontaine Castalie est célèbre depuis l'Antiquité. Son eau servait aux ablutions de la pythie, celle de la fontaine Cassotis ayant, elle, des vertus divinatoires.

Il existe en fait deux fontaines, l'une au bord de la route moderne, l'autre à une centaine de mètres plus avant dans la gorge. L'accès en est souvent interdit de crainte des éboulements. Apollon continuerait-il à protéger ainsi son sanctuaire des importuns ? Toujours est-il que les chrétiens ne semblent pas avoir oublié la puissance de l'ancien culte. Aussi peut-être pour le conjurer ont-ils érigé au débouché de la gorge une petite chapelle en l'honneur de saint Jean-Baptiste, un autre prophète qui sut lui aussi faire bon usage de l'eau. Le bassin le plus proche de la route fut découvert fortuitement en 1957. On peut en fait voir le dallage d'une cour qui précède la fontaine proprement dite où coulait l'eau de la source acheminée par un canal d'adduction. C'est le bassin le plus ancien qui daterait du VIIe ou du VIe s.

En remontant la gorge, si l'accès est permis, on suivra le ruisseau sur une centaine de mètres avant de découvrir contre la paroi de droite une fontaine rupestre. L'eau jaillissant était collectée dans un réservoir étroit entre la base taillée du roc et une cloison de dalles verticales. Elle coulait à travers des bouches en partie visibles, sans doute ornées de mufles de bronze. Devant la cloison avait été aménagée une cour dallée. La fontaine daterait de l'époque hellénistique et devait remplacer la précédente, réservée dès lors aux animaux.