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Histoire

 

Il y a des millions d'années, Egis, la terre qui unissait la Grèce à l'Asie Mineure sombre dans la Méditerranée et seules les cimes de ses montagnes dépassent désormais de la mer.

L'histoire de la Crète remonte à l'époque préhistorique. Au VIe millénaire av. J.-C., elle connaît ses premiers habitants venus d’Asie. De par sa position, la Crète a été au carrefour de plusieurs civilisations. Dès 2000 av. J.-C., la splendide civilisation minoenne y construit 100 cités. La Crète ne connaîtra plus jamais l'éclat de cette civilisation même si elle eut ultérieurement quelques moments d’importance. Nous trouvons également en Crète des vestiges de l'antiquité grecque et romaine, de la toute première ère chrétienne, de l'empire byzantin, de la domination vénitienne, de l'occupation ottomane ainsi que des éléments de la civilisation grecque des temps modernes. Des forteresses de l'époque vénitienne sont visibles dans les ports de l'île. D'anciennes villes savamment conservées ainsi qu'une légion de monastères et d'églises byzantines sont disséminées dans toute la Crète. Cette diversité des paysages attire aujourd'hui beaucoup de visiteurs.

Les Turcs rendront l'indépendance à la Crète en 1897. En 1913, elle est rattachée au reste de la Grèce mais n’appartiendra que politiquement.

 

Grandes étapes de l'histoire de la Crète

- De 6100 à 2800 av. J.-C., périodes néolithiques.

- De 6100 à 3800 av. J.-C., on est dans la première période néolithique avec une population autochtone apparue vers 6000-5000 av. J.-C.

- De 3800 à 2800 av. J.-C., on est dans la seconde période néolithique avec l'apparition de la céramique, des objets en os et cristal, de l'élevage et de la culture de céréales. La fin de cette période correspond à l'introduction des métaux

- De 2800 à 1450 av. J.-C., civilisation minoenne du roi Minos et de la cité Knossos (100.000 habitants). C'est une puissance commerciale et navale dont la disparition reste mystérieuse.

- De 2000 à 1700 av. J.-C., on est dans la période protopalatiale avec la constructions des premiers palais et le développement des techniques (architecture, systèmes de canalisations), des arts (peinture, théâtre, jeux tauromachiques), de l'écriture et de la construction navale. Une catastrophe naturelle (raz-de-marée ou séisme) mettra fin à cette période.

- De 1700 à 1450 av. J.-C., la période néopalatiale rimera avec un nouvel élan de la civilisation minoenne et la construction de nouveaux palais. Ce sera l'apogée de la civilisation minoenne. Cette période se terminera par une nouvelle catastrophe supposée liée à l'explosion de Santorini. Cette destruction marquera également la fin de la civilisation minoenne.

- De 1400 à 1100 av. J.-C., on est dans une période post-palatiale avec l'arrivée des mycéniens et l'apparition d'une civilisation créto-mycéenne.

- De 1100 à 67 av. J.-C. ce seront les périodes doriennes (archaïque, classique, hellénistique) avec l'arrivée des Doriens (nord de la Grèce) apportant leur politique et culture. Le commerce se développe et la Crète commence à se confondre avec le monde grec.

- De 1100 à 650 av. J.-C. : Période géométrique avec l’installations de tribus doriques. Leurs armes de fer sont plus puissantes que les armes en bronze des indigènes. La religion change avec un retour vers le panthéon grec. Les doriens ont une vie militaire stricte organisée en tribus. Différences dans l'art : plus d'influences orientales au détriment de la civilisation minoenne.

- De 650 à 500 av. J.-C. : Période archaïque avec des guerres civiles continue entre les différentes cités doriques. La Crète est isolée et en déclin.

- De 500 à 69 av. J.-C. : Période classique avec des guerres continues. La Crète est un refuge de pirates et de mercenaires. On frappe de la monnaie pour la dominance d'une ville sur l'autre.

- De 67 av. J.-C. à 330, période greco-romaine avec l'invasion des Romains. Elle dura 4 ans et les villages résistant furent brûlés et pillés contrairement aux autres qui se développèrent. Ils construiront des routes et de nombreux monuments. C'est à cette époque (en 59) que Saint Paul arrivera et christianisera l'île.

- De 330 à 1204, période byzantine avec un interlude de 137 ans de domination par les Sarrasins (de 824 à 960). Lors de la scission de l'empire romain, la Crète devient byzantine. On note alors le développement du christianisme et la construction d'églises. En 960, les Sarrasins sont chassés par l'empereur après de sanglants combats. C'est le début du remembrement de l'île. Pour contrer la baise de population, il y a l'arrivée de nouveaux colons qui laisseront leur nom (par exemple Kallergis).

- 395 : Époque byzantine.

- 650 : Premières offensives arabes.

- 824 : Occupation arabe.

- 961 : Invasion par Nikiforos Fokas.

- 1204, invasion vénitienne et renaissance crétoise. Sous un gouvernement dur, il y a une tentative de détruire l'église orthodoxe. Les révoltes sont répétées. Cette période nous laisse de nombreux vestiges architecturaux.

- 1654, les Turcs prennent Hania. Commencent alors 230 années longues et cruelles. C’est avec la chute d'Iraklio en 1669 que la Crète tombe réellement entre les mains des Turcs. Une oppression se met en place. Chaque jour des propriétés terriennes sont confisquées, des champs brûlés, des hommes égorgés... Les différentes révolutions seront étouffées dans le sang. La vie sociale et économique est en régression. Malgré l'indépendance du pays en 1832, la Crète reste entre les mains du sultant, ce qui incitera à de nouvelles révoltes. En 1866, le sacrifice d'Arkadi fait prendre conscience à l'Europe du problème crétois et des volontaires viennent en Crète.

- 1897, les Turcs rendent son indépendance à la Crète mais elle restera sous la tutelle des grandes puissances européennes.

- De 1898 à 1913 nous avons un état crétois mais ce sera 15 années d'agitations suite au souhait du peuple crétois de voir l'île rattachée à la Grèce. Lors du soulèvement de Therisso en 1905, Vénizelos se distingue.

- 1913, rattachement de la Crète à la Grèce grâce à Venizelos.

- 1924, il y a un échange de populations : les derniers musulmans quittent l'île tandis que des milliers de grecs d'Asie Mineure arrivent.

- 1941 est le théâtre de la bataille de Crète, élément le plus captivant de la seconde guerre mondiale avec la résistance farouche et générale du peuple.

 

Néolithique

Comme en témoigne différentes trouvailles archéologiques, une présence humaine est attestée dès le Néolithique (6100-2600 av. J.-C.). La première période (6100-3800 av. J.-C.) est caractérisée par une population autochtone tandis que la seconde période (3800-2600 av. J.-C.) voit l'apparition de la céramique, des objets en os et cristal, de l'élevage et de la culture de céréales. La fin de cette période correspond à l'introduction des métaux.

Des vestiges néolithiques ont été retrouvés à Faistos, Knossos et Sitia où les premiers établissements ont été constitués par des fermiers et des éleveurs. Les gens vivaient dans des maisons et des grottes semblables à celles d'Ilithia, de Stravouitis, Ellinospileo, Trapeza Lasithiou... Les fouilles ont mis à jour de la poterie, des armes, des outils, des lames faites d'os ou de pierre et des offrandes à la déesse de la fertilité.

 

Civilisation minoenne

On a pu recueillir plus d’informations archéologiques sur la période minoenne (2600-1100 av. J.-C.) avec la découverte de différents habitats du Minoen Ancien, les palais du Minoen Moyen (2000-1600 av. J.-C.) et différents aménagements (nécropoles, habitats, lieux de culte) du Minoen Récent (1600-1100 av. J.-C.). Cette période est aussi parfois divisée en période protopalatiale (2000-1700 av. J.-C.) avec la constructions des premiers palais et le développement des techniques (architecture, systèmes de canalisations), des arts (peinture, théâtre, jeux tauromachiques), de l'écriture et de la construction navale. Une catastrophe naturelle (raz-de-marée ou séisme) mettra fin à cette période. La seconde période étant la période néopalatiale (1700-1450 av. J.-C.) avec un nouvel élan de la civilisation minoenne et la construction de nouveaux palais. Ce sera alors l'apogée de la civilisation minoenne. Cette période se terminera par une nouvelle catastrophe qui serait due à l'explosion de Santorini. Cette destruction marquera également la fin de la civilisation minoenne. La troisième période, post-palatiale (1400-1100 av. J.-C.) est caractérisée par l'arrivée des mycéniens et l'apparition d'une civilisation créto-mycéenne.

 

Période pré-palatiale (2600-1900 av. J.-C.)

L'utilisation étendue du cuivre a eu comme conséquence la croissance de la population ainsi qu’une activité commerciale en Asie mineur, dans les Cyclades et en Egypte. L'emplacement géographique de l'île, la terre fertile et les longues périodes de paix ont favorisé le développement d'une civilisation glorieuse ayant prospéré durant les siècles suivants. La période pré-palatiale est divisée en trois périodes : Lors de la première période, le cuivre n'a pas entièrement substitué la pierre et l'argile (ustensiles) et la communication avec les régions voisines était limitée. La seconde période se caractérise par la croissance de la pêche, de la ferme et des activités d'exportations, ainsi que par le commerce de l'étain, élément nécessaire à la production du bronze. Plusieurs villes construites sur des positions stratégiques à cette époque. A Messara et Archanes, des tombeaux voûtés ont fourni de précieuses informations à propos des habitudes locales d’adorations et sur la civilisation. La troisième période est connue pour l'amélioration des techniques de construction et l'utilisation de nouveaux produits comme les pierres précieuses, les défenses d'éléphant et l’or. Les divers seaux de cette période sont de belles oeuvres d'art.

 

Période palatiale (1900-1700 av. J.-C.)

En 1900 av. J.-C. commence la construction des premiers palais en Crète (Knossos, Malia et Kato Zakros). Leurs tailles et décorations sont impressionnante et prouvent que la civilisation minoenne était une des plus glorieuse de Grèce. Les découvertes dans les régions de Monastiraki Rethimno, Hania et Archanes datent de la même époque. Les quartiers autour des palais sont organisés et possèdent un système de rues. Des ustensiles de la vie de tous les jours y ont été trouvés. La plus importante découverte est le fameux Disque de Faistos (1700-1600 av. J.-C.), un exemple unique de hiéroglyphes, exposé au Musée Archéologique d’Iraklio. L’économie de l’époque était basée sur l’agriculture et prospère sur les marchés étrangers comme en témoignent les découvertes crétoises faites en Egypte et à Chypre. La fin de cette période survint suite à un puissant tremblement de terre en 1700 av. J.-C. détruisant la plus part des palais.

 

Période néopalatiale (1700- 1450 av. J.-C.)

En dépit des importants dommages occasionnés par le puissant tremblement de terre de 1700 av. J.-C., les palais sont restaurés et la période néo-palatiale, années prospères de la civilisation minoenne, débute. Le palais était le centre de la vie économique, sociale et religieuse. La splendeur du palais, sa richesse et sa taille (22.000 m²) impressionnent toujours les visiteurs. Autour du palais, se trouvaient différents bâtiments tels que des ateliers, des monuments commémoratifs et des manoirs ayant appartenus aux négociants, aux prêtres et aux plus hauts fonctionnaires. Une multitude de découvertes archéologiques témoignent sur l'organisation de la vie quotidienne et de l'économie, variant de ville en ville. Les indigènes sont la plus part du temps employés dans l'exportation, dans le commerce d'huile, de vin et de parfum, dans les fermes, dans la poterie et dans le tissage. Les centres commerciaux étaient le port d'Amnissos, Agioi Theodori, Malia, Faistos et Agia Triada, alors que des marchandises étaient transportées d'une ville à l'autre par un réseau de route parfaitement organisé. La classe des négociants, les constructeurs et les prêtres étaient respectés en second lieu après le roi adoré en tant que haut prêtre de la déesse de la fertilité. Les vestiges de tombeaux voûtés de l'époque fournissent une multitude d'informations concernant les adorations et coutumes d’enterrement de cette période. La production artistique était d’un niveau élevé avec de belles pièces de poterie, de peinture, de seaux, de miniatures et de bijoux. Les représentations de la vie quotidienne sur des pots et sur les murs témoignent du proéminent rôle des femmes dans la civilisation minoenne. La prospérité de la civilisation minoenne a influencé le continent et les colonies crétoises. Cette splendeur colorée s'est achevée brusquement vers 1450 av. J.-C.

 

Période post-palatiale (1450-1100 av. J.-C.)

A la fin de la civilisation minoenne, les Achéens ont occupé Knossos et établi une puissante dynastie achéenne. Selon des tablettes écrites en linéaire B, ils ont rapidement pris les commandes de l'île. Bien que l'économie ait toujours été basée sur le commerce avec l'Egypte et de l'Asie Mineure, le changement est évident dans l'art et la vie quotidienne. Toutes les céramiques, objets en bronze, bijoux... témoignent de la coexistence et de l'influence des deux populations l’une sur l’autre, durant de nombreuses années. En 1300 av. J.-C., un nouveau violent tremblement de terre détruisit les derniers vestiges de la civilisation minoenne, y compris le palais de Knossos. Une autre théorie explique que le palais a été détruit lors d’une bataille entre les Achéens du continent et les Achéens de Crète. Après cette destruction, les nouveaux conquérants sont devenus très puissants, maintenant la richesse de leurs prédécesseurs mais sans continuer leur grande tradition culturelle. Selon des historiens, en 1200 av. J.-C. la Crète possédait une puissante flotte ayant pillé la partie orientale de la mer méditerranéenne. Au XIe siècle av. J.-C., les tribus européennes sont descendues sur le nord de la Crète.

 

Périodes géométriques et archaïque

Avec l’arrivée des Doriens, la période géométrique et dédalique (1100-620 av. J.-C.) voit prospérer des cités importantes dans des régions poursuivant leur apogée lors de la période archaïque (620-500 av. J.-C.) et offrant, malgré les nombreuses guerres civiles, des œuvres de grande valeur artistique.

 

Période proto-géométrique (1100-900 av. J.-C.)

Au XIe siècle av. J.-C., la Grèce est envahie par les Achéens et les Doriens ayant d'abord occupé le continent. Les insulaires connus sous le nom d'Etérocretois établissent de nouveaux quartiers dans les régions éloignées de Crète centrale et orientale telles que Karfi Lasithiou et Praissos où ils essayèrent de garder leurs langues, coutumes et traditions inchangées. Les nouveaux conquérants apportent aux outils de l'île, des armes et d'autres objets faits de fer, ainsi que des nouvelles coutumes telle l’incinération.

 

Période géométrique et archaïque (900 - 500 av. J.-C.)

Dès 900 av. J.-C. le système politique de base était la monarchie. Il existait plus de 100 cités-états tels que Gortys, Faistos, Knossos, Littos, Rhizinia, Hersonissos, Lapa, Lyssos, Tara, Milatos, Terapytne, Cydonia, Itanos, Sitia, Praissos et Olounda. Il y avait trois classes sociales : les "Periiki" jouissant de droits politiques limités mais possédant des terres et étant impliqués dans le commerce, les "Minoites" étant comme des esclaves utilisés dans la construction de travaux publics et les "Afamiotes" ou "Klarotes", les esclaves personnels des Doriens, effectuant tous les travaux durs et agricoles. L'art et la science ont été influencés par des éléments doriens et orientaux comme en témoigne les pots, bijoux, objets métalliques... Le sculpteur Daedalus a créé une nouvelle technique de sculpture appelée modèle "Dédalique". Beaucoup de travaux de cette école sont exposés dans les musées crétois. Durant le VIIe siècle av. J.-C., la Crète était le centre culturel et artistque de la Grèce. Malheureusement, le siècle suivant s'est caractérisé par le combat constant entre les villes crétoises et les invasions ennemies venues du continent grec et d’Asie. La vie a été basée sur les modèles stricts de Spartes comme certifié par la "loi de Gortys" (Ve siècle av. J.-C.) trouvée lors de fouilles à Gortys.

 

Périodes classique et hellénistique (500-67 av. J.-C.).

Lors de la période classique, alors que les villes du continent Grec sont en perpétuel conflit entre elles, la Crète s'est épanouie et n'a pas participé aux guerres (contre les perses ou les guerres du Péloponnèse) ayant infesté le continent. Lorsque les Macédoniens ont inauguré la période hellénistique, les Crétois ont essayé de gagner la faveur du nouveau puissant gouverneur appelé Philippe (217-216 av. J.-C.), protecteur de l'île. Cependant, même la présence d'une forte force extérieure ne pouvait pas mettre un terme à la rivalité entre les importantes villes de Crète. Ce fait a été exploité par les pirates de Celichia ayant dominé la partie orientale de la mer. Employant la Crète comme base d’exécutions, ils ont attaqué la ville romaine d'Ostia au IIe siècle av. J.-C. Les Romains ont utilisé ce prétexte pour s’immiscer dans la vie politique de l'île. Après l'expédition échouée de Marcus Antonius en 71 av. J.-C., le commandant Cointus Caecilius Metellus a attaqué la Crète en 69 av. J.-C. et après deux ans de dur siège, est finalement parvenus à conquérir l'île en 67 av. J.-C.

 

Période romaine

Après deux ans de siège, la Crète a été conquise par les Romains en 67 av. J.-C. A suivi une période de paix où les villes, dont Gortys était la capitale, se sont épanouies. De luxueux bâtiments, temples, stades et bains romains ont été construits. Les plus grandes villes étaient Knossos, Cydonia, Aptena, Ierapetra, Faistos, Littos et Elefterna. La présence des Romains n'a pas influencé la vie quotidienne et les habitudes crétoises qui ont maintenu leur langue et coutumes d’adorations. C'est le moment où la Crète a entendu parler pour la première fois du christianisme et que la première église a été fondée par Agios Titus, le saint protecteur des îles et étudiant de l'apôtre Paul. En 330 ap. J.-C. après que l'empire romain ait été divisé en partie orientale et occidentale, la Crète est devenue une entité de l’empire byzantin.

 

Période protobyzantine (330-824)

Lors de la division de l'empire romain, la Crète est devenue une entité du pays Illyrien qui, en 395, est devenu partie de l’empire byzantin sous l'empereur Theodosios le Grand. C'est la première fois que le christianisme se répand et l'église de Crète relevait du Patriarche de Constantinople. Certaines des plus grandes églises de l'île ont été construites à ce moment comme la basilique d’Agios Titus dans la région de Gortys, la basilique de Panormos à Rethimno et la basilique d'Almyrida Apokoronou. Durant la première période byzantine, la Crète a été pillée par les Arabes qui ont finalement conquis l'île en 824.

 

Occupation arabe

En 824, les Arabes de Saracene, menés par Abbu Chaffs, conquirent la Crète. Cette période s'est caractérisée par des incursions constantes et l'île est devenue un grand commerce d’esclaves. La ville de Chandia (Iraklio) a été fortifiée, entouré par un fossé profond (Chandax) et est devenue la capitale de l'état arabe indépendant de Crète. Pendant l’occupation arabe, l’empire byzantin a tenté de revenir en Crète et en 826, le Général Karteros a causé de sévères pertes aux Arabes. Pourtant l’occupation arabe a duré jusqu'en 961, quand, après des mois de siège, Nikiforos Fokas a de nouveau rattaché la Crète à l'empire byzantin. Peu de témoignages de cette domination arabe sont encore visibles.

 

Période néobyzantine

La seconde période byzantine a débuté par la conquête de la Crète par Nikiforos Fokas le 7 mai 961 et sa délivrance face à la domination arabe. La bataille finale, après plusieurs mois de siège, a causés de sévères pertes à l'armée arabe et la mort de 200.000 Arabes. Ainsi commencait une nouvelle période d’épanouissement culturel et économique et la renaissance du christianisme en Crète. Les missionnaires ont répandu le christianisme à travers toute l'île et deux d'entre eux étaient Nikon "Metanoite" ("repenti") et Agios Ioannis Xenos. La population locale a crû alors qu'Alexios Komninos arrangeait l’immigration et l’établissement des familles byzantines en 1082. En 1204, après que Constantinople ait été envahi par les Francs, l'empereur latin a donné la Crète à Bonifatius Momferatius qui l'a vendu aux Vénitiens en 1210. Lors de cette seconde période byzantine, différentes fortifications sont construites à travers l’île dont le Castrum Retemi, première citadelle fortifiée de Rethymno appelée plus tard Castel Vecchio par les Vénitiens.

 

Occupation Vénitienne

Le règne vénitien, la « Vénétocratie », a commencé lors de l’occupation de Constantinople par les Francs en 1204 et l'offre de la Crète à Bonifatius Monferaticus par l'empereur latin. Bonifatius l’a alors vendu aux Vénitiens ayant combattu avec succès les Génoviens. Mais le pirate génois Enrico Pescatore s’empare de l’île en 1206 et ce n’est qu`en 1210 que Venise parvient à la reconquérir. Ils s'établissent alors sur l’île de manière permanente et nomment Iraklio capitale. Les Crétois réagissent à cette nouvelle occupation par une série de révoltes. Les Vénitiens effectuèrent diverses réformes administratives, en vertu desquelles l’île est divisée tout d'abord en six provinces ("sexte ria"), puis en quatre au XIVème siècle, avec pour capitales respectives La Canée, Réthymnon, Candie et Sitia. Le Duc (Duca), dont le siège se trouvait à Handakas, régnait sur l’ensemble de l’île. Dans les autres provinces, c’était un Recteur (Rettore) qui exerçait le pouvoir, aidé de deux Conseillers (Consiglieri). L’occupation vénitienne a duré pendant quatre siècles et a été divisée en deux périodes dont la première s’est terminée en 1453 lorsque Constantinople a été occupée par les Turcs et la seconde s’est terminé en 1669 quand, après 21 ans de siège, la Crète a été conquise par les Turcs. La période de domination vénitienne (1211) va laisser de nombreux vestiges dans différents domaines.

Comme mentionné ci-dessus, il y eut de nombreuses émeutes contre l’occupation vénitienne dont la plus significative a été menée par les familles Scordilis, Callergis et Melissinos. Elle aboutit à un traité en 1299 (Pax Alexie Callergi) donnant quelques privilèges aux indigènes comme le droit à un évêque orthodoxe, à un établissement libre à travers l'île et à une liberté des esclaves. Le mouvement des frères Callergi a été supporté par des féodalistes vénitiens qui, irrités par l'imposition lourde, ont aidé à proclamer une démocratie autonome de l’île sous le nom de "démocratie Saint Titus". Cependant, en dépit du résultat de l'émeute, le système féodal était extrêmement répressif pour les pauvres fermiers travaillant comme esclaves dans les propriétés des riches féodalistes. Après le déclin du système féodal, la classe de bourgeois négociants a succédé et l'église orthodoxe a prospéré. L'élément de base de l’occupation vénitienne était la croissance culturelle, comme en témoigne les travaux significatifs de l'école crétoise de peinture, de théâtre, de littérature et de poésie. L'influence architecturale était impressionnante avec de superbes châteaux, des fortifications et des travaux publics toujours en cours.

 

Le désastre de 1571 et la Renaissance crétoise

Le pirate Hairedin Barbarossa dévaste les environs d`Apokoronas (Rethymno), Hania, Réthymnon et Sitia. Le 7 juillet 1571, le raid d'Uluç Ali sur Réthymnon a des conséquences catastrophiques. Les Turcs trouvent une ville déserte, la pillent et l`incendient.

Différents magnifiques bâtiments, aux portails extrêmement variés, témoignent aujourd’hui encore de la période influencée par la Renaissance. Cette Renaissance très certainement imprégné de culture grecque allait devenir le creuset de deux civilisations, pour marquer le monde intellectuel et artistique de l`époque. Des érudits tels que Markos Moussouros, Zakharias Kallierghis et les frères Verghikii allaient s`illustrer en Europe, alors que G. Xortatzis, Troïlos et le poète de la guerre de Crète, Marinos Tzanès Bounialis, allaient contribuer à l’émergence de la littérature crétoise. L’esprit de la Renaissance se retrouve également dans le domaine de la peinture, avec des artistes comme Emmanouil Labardos et Emmanouil Bounialis, dignes représentants de l`École Crétoise.

En 1645, les premières troupes turques débarquèrent à Hania et assiégèrent immédiatement la ville qui tomba deux mois plus tard. Ils s`installèrent alors dans la région. La grande guerre du XVIIe siècle opposant les Vénitiens et Turcs venait de commencer. Le 29 septembre 1646, les troupes de Hussein Pacha étaient sous les murs de Réthymno dont la capitulation fut négociée. Le 13 novembre 1646, la Fortezza passait aux mains des Turcs.

 

De l’occupation turque à l’Indépendance (1669 - 1897)

En 1645, 60.000 Turcs mené par le Pasha Yussut ont débarqué en Crète et ont occupé Hania et Rethimno. Commencent alors 230 années longues et cruelles. Mais c’est avec la chute d'Iraklio en 1669, après 21 incroyables années de siège, que la Crète tombe réellement entre les mains des Turcs. Iraklio était le dernier fort de la résistance et a été rendu le 27 septembre 1669 par Francesco Morozini au Turc Ahmed Kioproulis. La domination turque apporta des changements importants, non seulement dans le domaine administratif, économique et démographique, mais surtout dans la vie intellectuelle et la vie quotidienne du peuple. Mais cette période se caractérise surtout par des destructions, incursions, confiscations de propriété passant dans les mains du Sultan, ainsi que la persécution des indigènes chrétiens en dépit des privilèges que Mohammed B avait accordé au patriarche. La plupart des églises ont été transformées en mosquées et les indigènes étaient massacrés ou emprisonnés. Province ottomane, l'île fut d’abord divisée en trois grands départements: Handakas, Réthymnon et La Canée, auxquels le Lassithi vint s'ajouter par la suite. Chacun d’entre eux était gouverné par un pacha.

Installés dans les palais vénitiens, les conquérants les enrichirent de leur style architectural et marquèrent encore davantage leur présence en construisant mosquées et minarets. Dans les ruelles des cités vénitiennes apparurent aux façades des maisons les balcons de bois ou sakhnissia, leur donnant le cachet particulier d’une ville musulmane. De nombreuses églises furent alors détruites, d’autres transformées en mosquées. Le déclin intellectuel ne saurait surprendre. L’efflorescence littéraire et artistique de la «Renaissance crétoise» appartenait désormais au passé.

Les exactions, pillages et massacres conduisirent les chrétiens à une série d'insurrections et de révolutions. En 1692, ils ont combattu avec les Vénitiens contre les Turcs, un fait qui a irrité l'ennemi et a eu comme conséquence le massacre de beaucoup de chrétiens. Une autre tentative d'indépendance avec l'aide des Russes en 1770 s’est terminée dans le carnage. Cependant, les courageux crétois n'ont pas cessé de lutter. Une grande partie de l'île a été libérée en 1821-1824 dans le cadre du soulèvement général des Grecs contre l'occupant Turc. Malheureusement, l’Egyptien Ahmet Alli est venu en aide au Sultan avant que toute la Crète ait été libérée. La Crète ne parvint donc pas à gagner son indépendance et fut cédée au pacha d`Égypte Mehmet Ali (1830-1841). La population chrétienne de l’île continua à se battre pour la liberté. Avec le temps, ces luttes portèrent leurs fruits, les Crétois obtinrent une amélioration de leur statut (notamment en matière de liberté de culte et de droit de propriété), mais pas encore ce qu'ils demandaient : leur libération totale et le rattachement de l'île à la Grèce. Une nouvelle révolution éclata en 1866 marquée par l'Holocauste du monastère d'Arkadi. Elle s'achèva en 1869.

Malgré ces lourds sacrifices, l'île continuait à se trouver sous le joug ottoman. Ce qui conduisit, en 1878, à une nouvelle insurrection se soldant par l'octroi aux Crétois de quelques privilèges religieux et politiques dont le fait que le Gouverneur Général de l'île pouvait désormais être chrétien. La situation ne cessa cependant d’empirer et, de 1890 à 1895, les Turcs durcirent encore davantage leurs positions. D'où la révolution de 1897 qui allait aboutir, enfin, à l’Indépendance de la Crète.

 

L`Indépendance – le Rattachement à la Grèce – la Crète au XXe s.

1897 marqua la fin de la domination turque en Crète. En 1898, des soldats russes s'installaient dans l’île et le 9 décembre le prince Georges de Grèce arrivait à Hania en tant que Haut Commissaire. La Crète devenait un état indépendant, doté de son propre gouvernement et de sa propre constitution. Cependant, la gestion du commandant Prince George a irrité les Crétois qui se sont révoltés en 1905, créant la célèbre "révolution d'Ieriso" qui força de ce fait le Prince George à démissionner et à nommer Alexandros Zaimis commandant. C'est à ce moment qu’Eleftherios Venizelos, le plus grand politicien de Grèce, a scellé l'histoire de la Grèce moderne. En mai 1913 l'union finale de la Crète avec la Grèce a été signée et le drapeau grec a été installé en Crète. Le 1er décembre 1913, la Crète était rattachée à la Grèce. Mais alors que tout allait bien, la conjoncture internationale et les problèmes qu'elle suscita pour le pays stoppèrent l'essor de la Crète.

Il faudra attendre 1924 pour que la situation s’améliore, avec l`échange des populations (Catastrophe d`Asie Mineure) et le départ des derniers Turcs de l`île. Les nouveaux arrivant apportèrent avec eux leur culture et leur esprit d'entreprise qui allaient enrichir la Crète et la conduire vers un nouvel essor économique et intellectuel.

La Seconde Guerre Mondiale allait être la plus importante cause de régression et de déclin avec l’arrivée des parachutistes allemands et le bombardement de Réthymno en mai 1941, marquant le début de la Bataille de Crète. Dans un élan de vaillance et de patriotisme, la population civile infligea de lourdes pertes aux envahisseurs allemands mais en vain.

Les conditions de vie insupportables et le régime d`oppression imposé par les conquérants de 1941 à 1944 suscitèrent la création à Réthymno d’un mouvement de résistance puissant qui se montra très actif dans tout le département. La fin de l’occupation allemande est suivie d’une période de marasme qui va durer jusqu’aux années 60. C’est seulement alors que l’électrification de l’île apporte aux habitants une première «étincelle » d’espoir en des jours meilleurs. Depuis, l’île poursuit son essor. Le boom touristique qui se manifeste dès le début des années 70 a contribué de manière importante au développement de l’île.